Le Roi a pris ses responsabilités
BEATRICE DELVAUX
lundi 27 décembre 2010, 08:25
Le roi Albert II a prononcé, lors de ce Noël 2010, le deuxième discours le plus important de son règne. Le premier était très personnel : il y avait assumé, aux yeux du monde extérieur, l’existence d’une fille illégitime et d’une vie d’homme. Le deuxième est très politique, donnant quasiment des pistes de décision, enjoignant aux partis de négocier, et, aux Flamands et francophones, de sceller un compromis. C’est un geste très fort, pour un souverain qui est généralement interdit, à juste titre, de prises d’initiatives politiques non balisées par le Premier ministre et que l’on confine aux banalités œcuméniques. Affirmer aujourd’hui que « tous les éléments sont sur la table » pour un accord consiste à se mouiller personnellement et exceptionnellement devant des partis qui laissent encore penser aux citoyens qu’ils pourraient échouer. Est-il sorti de son rôle ? Certains vont le prétendre et s’en offusquer. Le Roi a en fait pris ses responsabilités, dans un moment très particulier, où il incarne le seul pouvoir fédéral qui dans l’instant ne soit pas mis entre parenthèses. Il est des moments, lorsque de véritables dangers menacent – et c’est le cas : séparation d’un pays, ressentiments croissants entre des pans de la population, dérapages verbaux dans les camps politiques –, où les instances, qui se trouvent au-dessus de la mêlée, ne
peuvent se taire.
Ceux qui accuseraient Albert II de prendre parti pour les francophones dans ce discours, se tromperaient lourdement.
Le Roi ne fait que dire tout haut ce que beaucoup pensent, tant au Sud qu’au Nord, mais n’osent proclamer tant la crainte est grande d’être considérés comme traîtres à leur cause s’ils signaient un compromis. Le Roi prononce par ailleurs les mêmes mots que ceux du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, peu suspect, lui, de rouler pour les francophones. Albert II prend le parti de la Belgique, dont l’existence fonde sa légitimité. Il ne la fige d’ailleurs pas, valide même sa profonde transformation en actant le mouvement initié vers une sorte de confédéralisme à la belge. Vendredi, le Roi a pointé l’évidence : la grande réforme de l’Etat est là, à portée de main. Il faut avoir le courage de le reconnaître et de l’acter. Pour enfin passer à autre chose.
peuvent se taire.
Ceux qui accuseraient Albert II de prendre parti pour les francophones dans ce discours, se tromperaient lourdement.
Le Roi ne fait que dire tout haut ce que beaucoup pensent, tant au Sud qu’au Nord, mais n’osent proclamer tant la crainte est grande d’être considérés comme traîtres à leur cause s’ils signaient un compromis. Le Roi prononce par ailleurs les mêmes mots que ceux du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, peu suspect, lui, de rouler pour les francophones. Albert II prend le parti de la Belgique, dont l’existence fonde sa légitimité. Il ne la fige d’ailleurs pas, valide même sa profonde transformation en actant le mouvement initié vers une sorte de confédéralisme à la belge. Vendredi, le Roi a pointé l’évidence : la grande réforme de l’Etat est là, à portée de main. Il faut avoir le courage de le reconnaître et de l’acter. Pour enfin passer à autre chose.
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